Auteur : Joseph

Une fois encore, nous sommes conviés à nous retrouver autour du thème : « le château de Vincennes », un samedi matin par temps ensoleillé mais frais.

A l’est de Paris, nous avons visité le plus haut donjon d’Europe.

Ce manoir fut fondé par Louis VII et devint la résidence préférée de son petit-fils Saint-Louis et des capétiens pendant le Moyen-Age.

Découvrez le dossier complet dans la revue no 55.

Château de Vincennes

Avec un donjon culminant à 52 mètres, ce château construit au XIVe et XVe siècle pour être demeure royale était entouré d’une vaste foret. Une Sainte Chapelle y fut adjointe.

Il devint ensuite prison d’état puis arsenal en 1796. L’aile du roi et l’aile de la reine mère datent du milieu du XVIIe siècle.

Dans ces deux ailes appelées « pavillons », le Service Historique de la Défense a installé ses services.

Le château est classé monument historique depuis 1999.

Le donjon

L’enceinte du donjon est surmontée d’un chemin de ronde qui n’était pas couvert au Moyen Age ; à chaque angle, une échauguette.

La couleur des pierres du donjon et celle du chemin de ronde sont différentes dans la mesure où le premier a fait l’objet d’une restauration et pas le second. Les pierres d’origine venaient soit des carrières de Charenton toutes proches, soit de celles de Saint-Pierre-Aigle dans le Soissonnais ; ces dernières sont toujours en activité.

Le donjon a été édifié sur le plateau de Gravelle situé entre le 12e arrondissement de Paris et le département du Val-de-Marne. Contourné par la Marne, il est en majeure partie couvert par le bois de Vincennes.

La barbacane protégeant l’entrée du donjon comporte des ouvertures ou assommoirs permettant le déverser sur les assaillants toutes sortes de projectiles.

Seule singularité sur la face nord du donjon : deux petites fenêtres. Elles permettaient d’éclairer les bureau du roi. La conception tant du bureau que des fenêtres a été confiée à Raymond du Temple, architecte de Charles V.

A chaque étage du donjon, on trouve une fine colonne centrale sur laquelle reposent les voûtes.

C’est un « écorché » du donjon qui permet de constater la distribution des pièces identiques à chaque étage.

Il permet surtout de constater la finesse de la colonne centrale. Les travaux de restauration ont mis à jour des dispositifs jusqu’ici insoupçonnés que l’on pourrait comparer à des ancêtres du béton armé : 800 mètres de barres de fer soutiennent les éléments architecturaux soumis à de fortes pressions. Cette colonne porte, en effet, une charge 20 fois plus importante que celle supportée par les murs périphériques de sorte que sa construction relève d’un principe d’architecture unique. A l’étage où vivait le roi, il a fallu la couper pour la renforcer puis la remettre en place afin que chaque visiteur puisse aujourd’hui en voir malgré tout l’élégance.

La passerelle qui permet – après avoir gravi deux étages de marches – d’aller du châtelet jusqu’au cœur du donjon, était déjà à l’époque le seul accès au donjon.

Le rez-de-chaussée servait à entreposer la nourriture et possédait un puits. Le premier étage devait servir de salle de réunion. C’est par cet étage que l’on entrait dans le donjon. Il permettait l’accueil de la famille et des serviteurs du roi. Le deuxième étage est dédié au roi tandis que le quatrième l’est à la reine, le cinquième abrite les corps de garde et le dernier est un poste d’observation. Entre l’étage du roi et celui de la reine, il y a 80 marches à gravir (ou descendre).

Le puits : il est possible de constater qu’il y a toujours de l’eau … saumâtre.

La Sainte-Chapelle

La porte de la Sainte Chapelle de Vincennes est surmontée d’une grande rose réalisée sur le modèle de celle de la Sainte Chapelle de Paris, achevée à l’initiative de Catherine de Médicis.

C’est Charles V qui fonde en 1379 cet édifice mais il n’est édifié qu’avec Charles VI pour être achevé longtemps après sous le règne d’Henri II. Les sculptures du portail témoignent de la maîtrise de l’art de la pierre au début du XVe siècle.

A droite de l’autel, se trouve une cloche posée à même le sol. Il s’agit d’un exemplaire original (une copie occupe le campanile) et demeure la seule à être parvenue jusqu’à nous parmi toutes les cloches installées par Charles V. Elle pèse 714 kg et porte l’inscription : « Charles par la grâce de Dieu, Roy de France, fils du Roy Jehan me fist faire en l’an de grâce Mil CCC LXIX. Jehan Jouvente m’a fasonnée pour orloge. Suy ordonée. Entende les heures« .

Cloche de la Sainte-Chapelle

A l’intérieur de la Sainte Chapelle, on trouve également le mémorial du duc d’Enghien, monument sculpté à la mémoire du duc d’Enghien commandé par Louis XVIII et dont la conception a été confiée à Pierre Louis Deseine.

La voûte de la Sainte Chapelle

La voûte de la nef, construite sous la direction de Philibert Delorme au XVIe siècle, est ornée d’un décor peint par Charles Carmoy. Les vitraux d’origine, au moment de notre visite, étaient entreposés dans un autre lieu. A leur place, côté extérieur, ont été installés des vitraux thermoformés qui viendront les protéger auprès leur réinstallation.

Le décor de la voûte

Sur le décor de la voûte, le « K » de Catherine de Médicis et le « C » de cette même Catherine entrelacent le « H » d’Henri II.

La présence de la Lune dans l’iconographie fait allusion aux deux devises du roi : « Lorsqu’elle est pleine, elle égale le Soleil … Jusqu’à ce qu’elle emplisse tout le cercle … », tout en évoquant aussi, discrètement, la belle Diane de Poitiers.

Enceinte et courtine du château

Tour du Village

La tour du Village ou entrée actuelle du château de Vincennes est entièrement habitable. Au temps de Jean le Bon, les grands serviteurs de la royauté l’occupaient. Maintenant, ce sont des militaires.

La particularité de cette tour par rapport aux neuf autres est qu’elle s’avance en saillie vers la ville de Vincennes. Elle est large de 25 mètres et est ornée de décors sculptés.

A droite, un espace verdoyant est laissé libre. C’est là qu’avait été édifié en son temps un manoir capétien dont il ne reste plus que la fontaine.

Dans l’angle du mur d’enceinte, à gauche de cette tour du Village, se trouve la tour du réservoir : elle a été le château d’eau du site mais a également servi de modèle pour la construction des trois autres tours d’angle.

L’arc de Triomphe

L’arc de triomphe a été reconstruit en lieu et place de la tour du Bois.

C’est la partie sud du château jouxtant le bois.

Les fossés

Dans les fossés entourant l’enceinte du château de Vincennes ont été exécutés, notamment, Mata Hari, le duc d’Enghien, des fusillés en 1804 et plus récemment, des résistants pendant la seconde guerre mondiale.

La galerie d’arcades

Cette galerie d’arcades ou promenoir offre de larges ouvertures sur les bois environnants. En son centre, l’arc de triomphe a remplacé au XVIIe siècle la tour du Bois. Il s’agissait d’une autre entrée sur le site avec, là aussi, un pont-levis comme la tour du Village par laquelle nous entrons actuellement.

Elle ferme un espace dénommé « courtine centrale ». Au-delà, s’étendaient les forêts, espace de verdure où s’entraînaient les cavaliers. De nos jours, la Garde républicaine est basée au sein du quartier Carnot situé près du château de Vincennes.

Courtine centrale

La cour est dénommée « courtine centrale » entre, à droite le pavillon du roi et, à gauche celui de la reine. Au fond, l’arc de triomphe édifié à la place de la tour du Bois, rasée. Au premier plan, le portique nord reconstruit d’après des dessins sous l’égide de Malraux et du Général de Gaulle en 1967.

Au XVIIe siècle, le portique nord a été décidé par Le Vau avec, en son centre, le portique proprement dit et de part et d’autre une double série de sept baies permettant d’apercevoir depuis la courtine centrale, le passé médiéval du château de Vincennes avec la Sainte Chapelle et le donjon.